Big Shoot

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Big Shoot est le premier projet de Victor Guillemot. Ce jeune comédien et metteur en scène découvre le texte en 2009. Après différentes étapes de travail dont la création à la MPT/MJC de Quimper, il se risque avec la compagnie des Assoiffés, sur les planches d’Avignon.

« Tout dans la retenue, la finesse, la subtilité, la grâce… »
Big Shoot, Koffi Kwahulé

En collaboration avec Arthur Guillemot, la compagnie propose un spectacle épuré, basé sur l’efficacité du jeu scénique. Une simple chaise, un costume deux-pièces sobre appuyé par des bretelles, des chaussures de danseurs blanches et noires ferrées qui rythment discrètement le texte et un chapeau matérialisant par moments les changements de voix, l’ensemble accentué par un travail minutieux sur la lumière a laissé toute la place au texte et à ses différentes problématiques.
Big Shoot interroge la violence de nos sociétés en proposant un show mortel dans lequel le candidat doit affronter Monsieur, le présentateur, dans une rixe verbale. Stan saura-t-il échapper à Monsieur, le bourreau ? Ou cherche-t-il à sortir de l’anonymat dans un élan suicidaire ? Qui de Stan ou de Monsieur a vraiment tué la jeune femme dans la maison aux hibiscus rouges ? En reprenant le mythe d’Abel et Caïn, Koffi Kwahulé et Victor Guillemot s’interrogent comme ils nous interrogent, nous public anonyme, sur la violence originelle, celle qui s’acharne entre les personnes mais aussi celle qui réside en chacun de nous. Stan et Monsieur pourraient être la même personne, et ce texte, la représentation d’un conflit intérieur, celui d’ « un homme déchiré par ses contradictions », précise Victor Guillemot, prêt à tout pour être reconnu. C’est cette dernière problématique qui l’a particulièrement touché « […] en tant qu’artiste, la question de l’anonymat vient se poser tôt ou tard dans un coin de la tête. Jusqu’où irons-nous pour échapper à l’anonymat ? » Serions-nous prêts à offrir notre mort en spectacle ?
Un dialogue nerveux interprété par le comédien grâce à un habile jeu de voix, de mimiques et attitudes reflétant l’ambiguïté des/du personnage(s) et du texte sans pour autant chercher à prendre le parti de l’un ou l’autre : « Le but était là : éviter tout coté manichéen, avec un bon et un méchant, mais au contraire laisser place à l’imprévu d’une personne, à la fois un côté malveillant, pervers et sombre, mais aussi nostalgique et désireux de vivre. ». La profondeur de ce texte a bien été saisie par le metteur en scène qui s’est concentré sur la densité des personnages, leur caractère avec leur manque et leur force, leurs ressemblances et discordances ; un travail sur le relief qui s’est montré pertinent et juste, laissant la place au jugement de chacun : « Cette création, tout comme le texte, ne vise en aucun cas à essayer de donner des réponses, des éclaircissements sur ce qui arrive. Les questions restent entières. Jusqu’où irons-nous ? ».
On ne peut que saluer cette première création et le talent de ce jeune comédien qui a su s’emparer du texte avec « finesse et subtilité ». Un travail abouti qui avait toute sa place à Avignon.

[site de la compagnie des Assoiffés]Big Shoot par la Compagnie des Assoiffés
Festival d’Avignon Off 2011 – Théâtre Monte-Charge///Article N° : 10410

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Les images de l'article
Big Shoot, par la compagnie des Assoiffés. Théâtre Monte-Charge au Festival d'Avignon Off 2011 © Cie les Assoiffés
Big Shoot, par la compagnie des Assoiffés. Théâtre Monte-Charge au Festival d'Avignon Off 2011 © Cie les Assoiffés
Big Shoot, par la compagnie des Assoiffés. Théâtre Monte-Charge au Festival d'Avignon Off 2011 © Cie les Assoiffés
Big Shoot, par la compagnie des Assoiffés. Théâtre Monte-Charge au Festival d'Avignon Off 2011 © Cie les Assoiffés





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