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Bintou Wéré, un opéra du Sahel
Premier opéra africain composé et interprété par des artistes originaires des pays du Sahel sous la direction artistique et musicale de Wasis Diop

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Genèse du premier opéra africain
Lors de la création de sa Fondation pour la Culture et le développement en 1996,le Prince Claus des Pays-Bas (1926 – 2002) suggère l’idée d’un opéra entièrement crée par des artistes africains et qui se déroulerait au coeur de l’Afrique. Il sait que le Sahel, cette longue plaine aride d’Afrique centrale, regorge de talents artistiques,notamment musicaux.Il envisage donc un opéra qui mettrait en lumière musiciens, acteurs et danseurs africains dans un souci de qualité et d’originalité tel qu’il ne pourrait qu’entraîner l’adhésion des spectateurs à travers le monde. Il souhaite également que cet ouvrage évoque les relations entre l’Europe et l’Afrique tout en laissant une place à l’humour. Un concours est alors organisé. Un jury composé de nombreuses personnalités du monde artistique est réuni, sous la direction de Kwabena Nketia, directeur du Centre International de Musique africaine et de Danse à Accra au Ghana composé, entre autres personnalités, de Pierre Audi, directeur artistique de l’Opéra des Pays-Bas et du Festival de Hollande,Ray Lema,compositeur et musicien de la République Démocratique du Congo, l’auteur ghanéen Ama Ata Aidoo et Robert Wilson. Ils procèdent à une première sélection de six compositeurs,choisissent finalement Zé Manel Fortes (Guinée Bissau) qui relève le formidable défi de composer un opéra basé sur les nombreuses traditions musicales du Sahel.
Parallèlement, une équipe d’artistes renommés des différents pays de la région est réunie et organise une série de workshops pour l’élaboration du scénario, de la musique et de la danse.

Le contexte
L’histoire de Bintou Wéré touche à un thème très présent en Afrique.L’oeuvre de la Nature et celle des hommes ont conduit au déchirement du tissu social qui n’offre plus aux jeunes Africains que des perspectives très limitées.Le Mali est le plus gros « exportateur d’émigrants » vers l’Europe,convaincus qu’ils y trouveront une vie meilleure. Dans l’ensemble du Sahel, chaque personne en connaît au moins une autre qui ait tenté, au risque de sa vie, de gagner l’Europe, par voie terrestre ou maritime.La désillusion de la jeunesse se ressent partout mais la fierté de son propre pays, de sa culture et de ses ancêtres, la conscience de l’immense potentiel de ce vaste continent sont également dans toutes les têtes. L’opéra du Sahel donne une voix poétique et musicale au drame de la vie réelle qui se joue chaque jour en Afrique.
Dans le cadre de la programmation éclectique de la saison 2007-2008, j’ai souhaité mettre à l’honneur plusieurs grandes cultures du monde, rarement présentes sur les scènes d’opéra.
J’ai entendu parler de Bintou Wéré, un opéra du Sahel dès l’amorce du projet il y a deux ans et demi, notamment par Robert Wilson qui avait été contacté pour faire parti du jury de sélection des artistes de cette production. Début 2005,des contacts ont été établis avec la Fondation Prince Claus,à l’origine de la commande de l’ouvrage, et avec Michel Mavros qui jusqu’à son décès,a effectué un travail remarquable pour la réalisation de cette oeuvre.
C’est un projet qui d’emblée m’a touché tant au plan artistique que politique.
L’idée de créer, 400 ans après l’Orféo de Monteverdi, le premier opéra Africain m’a immédiatement convaincu et séduit. Une belle ambition pour une équipe d’artistes africains.
Le thème même aussi de cet ouvrage, de ce livret est important et a une résonance particulière à nos oreilles européennes : pas une semaine sans que nos journaux n’évoquent les drames de l’émigration de l’Afrique vers l’Europe. Mais il est rare d’entendre les voix de ceux qui quittent leur terre et de ceux qui les voient partir.
Je me réjouis que cette voix puisse se faire entendre sur la scène du Théâtre du Châtelet.

Jean-Luc Choplin
Directeur général du Théâtre du Châtelet


Création française en coproduction avec la Fondation Prince Claus
des Pays-Bas et le Ministère de la Culture du Mali
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