Nouvelles du Kuntaara de Sid-Lamine Salouka

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Enseignant passionné de littérature et de cinéma, Sid-Lamine Salouka publie son premier recueil, Nouvelles du Kuntaara aux éditions Educ Afrique. Et décrit avec humour une république imaginaire aux faux airs de société burkinabè.

Publié aux éditions burkinabè Educ Afrique grâce au soutien du Bureau burkinabè des droits d’auteur (BBDA) dans le cadre de son fonds de promotion culturelle, Nouvelles du Kuntaara réunit sept nouvelles dont six ont été primées à l’occasion de la Semaine Nationale de la Culture (SNC) burkinabé 2002 et 2014.
À travers Le Konokuu, Vadpoko-la-Blanche, Farma Bakandé, Zulwango, Le meeting de Zeemtenga, Ces gens bien et La Visite du Maréchal Brakadir, c’est toutes les strates de la société qui sont passées au scalpel de Sid-Lamine Salouka, tour à tour cruel, enchanteur ou moqueur, ne laissant jamais le lecteur de marbre.
Dans un phrasé visuel et détaillé où l’on retrouve l’amour du septième art de ce critique de cinéma bobolais (1), Sid-Lamine Salouka parvient à plonger le lecteur dans des tranches de vie souvent douloureuses, généralement risibles, mais ô combien acérées par rapport à nos sociétés. Tout en jonglant astucieusement avec les mots en mooré et les citations de Machiavel ou Dostoïevski.
Ainsi dans Le Konokuu, l’auteur se moque de ces  » perdants « , ceux  » qui ne savent pas se saisir d’une occasion pour devenir quelqu’un « . Dans Vadpoko-la-Blanche, il suit les affres de la plus belle femme du village qui en est  » à son troisième abandon du domicile conjugal « . Dans Farma Bakandé, il décortique un couple polygame perturbé par l’arrivée d’une jeune épouse venue non  » pour enfanter  » mais pour  » casser la cour de Kalifa Benké ! « . Dans Zulwango, c’est la grossesse extra-maritale qui est abordée :  » Bannie elle est, bannie elle restera « .
Dans Le meeting de Zeemtenga, c’est l’évolution de deux amis qui est interrogée, lorsque ceux-ci se retrouvent, des années plus tard, chacun ayant évolué de son côté, à la différence près que l’un d’entre eux a  » grossi, comme tous les gens de la ville « , et que sa peau  » grasse et lisse  » parait celle  » d’un homme qui mange bien, mais qui ne fournit pas d’efforts physiques pour acquérir sa pitance « .
Dans Ces gens biens, c’est le dispositif de lutte contre le Sida qui est critiqué, ou plutôt celui  » de cette nouvelle race de décideurs qui se glorifie(ent) d’être dans le ‘bon sida’ : celui où l’on s’engraisse et se construit des villas sur la souffrance et la mort des malades « . Et dans La Visite du Maréchal Bakadir, l’esprit du Capitaine Thomas Sankara est invoqué, tout comme les frémissements d’une jeunesse pleine d’espoir à l’idée de voir ce « leader de la Révolution saharienne « , seul à oser  » tenir tête à l’Occident au milieu de la galerie des vieux chefs d’États pourris qui s’agit(ent) sur le continent « .
Décrivant le pouls de citoyens en mal d’évolution ou en quête de bonheur, de santé ou d’argent face à de féroces dirigeants, riches grassouillets ou exploiteurs de misère, Sid-Lamine Sankara nous livre des nouvelles lumineuses qui reflètent avec incision la complexité de la société kuntaraise… voire peut-être burkinabè.

Claire Diao

(1) Membre de l’Association des critiques de cinéma du Burkina (ASCRIC-B), Sid-Lamine Salouka est également membre de la Fédération africaine des critiques de cinéma (FACC). Ses écrits ont été publiés sur le site Africiné, dans la revue Awotélé et sur le blog Travelling Waga-Abidjan.///Article N° : 12921

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Les images de l'article
Sid-Lamine Salouka © DR





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