Impulsion et foisonnement de la peinture mozambicaine

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Malangatana Valente Mgwenya (1936-1994) est sans conteste une des figures marquantes de la peinture mozambicaine contemporaine, en termes d’innovation, d’engagement et de création. En termes d’héritage et de filiation, il est primordial de saluer sa mémoire. Dans un entretien avec Patrick Chabal publié dans le recueil Vozes Moçambicanas, il éclaire sa vie et son oeuvre.
Né en 1936 dans la région ronga de Matalana près de Maputo, il y a fréquenté l’école de la mission suisse. Puis à Maputo, parallèlement à divers petits boulots qu’il exerce pour survivre et payer la poursuite de ses études, il fréquente le Nucleo de arte, une coopérative d’artistes créée en 1948 et qui joue encore aujourd’hui un rôle primordial dans la création artistique. Le peintre José Julio, l’architecte Miranda Guedes et Franck Mac Quinn, directeur de la National Gallery du Zimbabwe, ont une importance considérable dans le développement de sa peinture. De paysages et de natures mortes, il évolue vers la peinture décorative avec notamment l’illustration de contes traditionnels. Nous sommes à la fin des années 50. C’est à ce moment qu’il rencontre le poète José Craveirinha et que débute son combat politique aux côtés d’écrivains comme Luis Bernardo Honwano, Rui Nogar. Son soutien au FRELIMO lui vaudra 18 mois d’emprisonnement.
La peinture est pour lui une dénonciation, une prise de position politique notamment contre l’apartheid et les atrocités au Mozambique. Il entend témoigner des réalités sociales sans pour autant utiliser une symbolique partisane. Selon ses propres termes, « la peinture est une critique de ce que je considère comme injuste« . Il revendique l’influence de J. Bosch, des dadaïstes (il a rencontré Tzara à Lourenço Marques en 1960), de l’art du Nigeria qui jouit d’un grand rayonnement en Afrique et de l’art Makonde dans une période plus tardive.
Actuellement, autour du Nucleo de Arte, de l’atelier Ulysses et de l’Escola Galeria Eugenio Lemos, on assiste depuis environ six ans à une distanciation vis-à-vis du politique au profit de thèmes relevant d’une préoccupation sociale et traités de manière abstraite. Les artistes sont pour la plupart formés aux Beaux-arts ; ils sont de plus en plus éloignés de leur culture traditionnelle et s’ouvrent sur l’extérieur : Tanzanie, Afrique du Sud. La sculpture, la céramique et la gravure sont les formes les plus utilisées aujourd’hui.
Inacio Matsinhé partage actuellement sa vie entre le Portugal et le Mozambique. Né à Lourenço Marques il y 54 ans, il a commencé à peindre à l’âge de 16 ans et à fait de nombreuses expositions à travers le monde : Coimbra, Porto, Lisbonne, Séville, Strasbourg, Londres, Chicago, Bruxelles, Valladolid. Il se considère comme un peintre africain d’origine mozambicaine et a bénéficié au temps de la colonisation d’appuis d’intellectuels portugais antifascistes tels Raul Rego et Urbano Tavares Rodrigues. Sa peinture se veut une relecture, un re-contact du passé colonial que l’artiste vit dans le présent.

///Article N° : 1255

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